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ELECTRON LIBRE
Depuis plus de trente ans, Claude Cartier exprime à Lyon sa passion pour la décoration, à travers ses showrooms de mobilier où elle expose
des marques contemporaines luxueuses, ses projets d’architecture intérieure, ses exercices de style et autres scénographies. Plus qu’un savoir-faire, elle possède un véritable don pour dénicher l’objet différent, le meubled’exception, pour associer des décors insolites, pour mixer les genres, pour créer des univers colorés ou plus sages mais follement séduisants.
Nous l’avons rencontrée dans son showroom, au 25, rue Auguste-Comte. Entre échanges et confidences, entretien avec une autodidacte,
éprise du propos artistique, à la créativité sans limite.
Comment avez-vous débuté votre carrière ?
Claude Cartier : Alors que j’avais fait une licence de latin et grec, j’ai démarré, en autodidacte, avec l’ouverture d’une boutique dédiée à l’objet décoratif, plutôt en série limitée, dans une rue proche d’ici, à l’âge de 21 ans. Je me suis lancée de façon un peu audacieuse ou inconsciente ! Peut-être les deux à la fois ! Dès le départ, j’ai eu, de façon instinctive, une passion pour la décoration. Je peignais aussi…
Puis, j’ai introduit le mobilier contemporain et j’ai créé une boutique plus importante…
Quel mobilier aimez-vous présenter ?
Claude Cartier : J’ai eu un coup de foudre très précis dès le début pour les éditeurs italiens.
Nous avons démarré avec Moroso. Rapidement, nous avons fait une sélection de marques qui n’existaient pas dans la ville ou peu. Aujourd’hui, je choisis les éditeurs en fonction de mes coups de coeur, toujours beaucoup en Italie, et un peu en Europe du Nord. Ma proposition est éclectique et haut de gamme, avec une cinquantaine de marques de meubles et luminaires, dont certaines en exclusivité,
entre autres Christophe Delcourt, cc-tapis ou encore Baxter. Je passe beaucoup de temps à trouver les bonnes pièces pour le showroom, à décider des implantations, des finitions. J’adore tout ce qui est textile aussi, et j’ai une passion absolue pour les tapis !
Comment avez-vous glissé vers l’architecture intérieure ?
Claude Cartier : J’ai toujours conçu mes showrooms avec une notion de scénographie, et, rapidement, j’ai imprimé une certaine signature
qui plaisait aux clients. Il y a une quinzaine d’années environ, ils ont commencé à me consulter sur des projets de décoration intérieure. Fabien Louvier, architecte d’intérieur et mon principal collaborateur, a rejoint l’entreprise à ce moment-là pour devenir responsable de l’agence d’architecture intérieure que je venais de créer. Moi-même, j’ai validé mes acquis et j’ai obtenu un diplôme dans ce domaine à la même époque. Architecture intérieure et showroom de déco, tout cela cohabite assez naturellement !
Depuis, vous réalisez de nombreux concepts décoratifs d’appartements et de maisons. Quel est le style Claude Cartier ?
Claude Cartier : Pendant quinze ans, j’ai été connue pour le blanc, le beige, le taupe… Les gens venaient me chercher pour cela ! À un certain moment, j’ai ressenti le besoin de quitter les choses un peu trop calmes, car j’aime l’audace. Petit à petit, j’ai commencé à apprendre le langage de la couleur, et aujourd’hui, j’ai davantage envie de m’exprimer dans ce vocabulaire, même si je suis capable, en fonction du lieu et des clients, de construire un univers plus sobre. À l’image de l’une de mes dernières réalisations dans un immeuble Art déco, où l’exercice consistait à mettre en valeur des pièces d’exception dans un cadre fabuleux. Je suis un électron libre et j’aime aller piocher dans des choses
qui peuvent parfois être opposées et les associer pour écrire une histoire. J’aime les projets assez construits, mais aussi prendre des chemins de traverse en choisissant du mobilier particulier par exemple.